Saha Ftorkoum - Une tendance au Ramadan healthy

Le mois béni du Ramadan est arrivé, et l’enthousiasme qui l’entoure et sa préparation relèvent parfois plus de l’événement culturel que du dépassement de soi spirituel. Sont ouvertes les portes de l’abondance, de la générosité et de la richesse de nos cultures, en commençant par la table.

CUISINEDOUBLE IDENTITÉ

Shéhérazade

3/11/20255 min read

Parler de Ramadan « healthy » est sans conteste un euphémisme, mais malgré les efforts fournis, subsistent certaines publications, tapis de supermarchés parfois plein de marques sponsors du Tsahal et dont le caractère Halal reste peu fiable, et tablées familiales dignes de repas de mariage, prouvant l’ancrage de cette culture de la surconsommation.

À l’heure où une fatigue peut se faire ressentir, en ce mois béni, nous avons fait appel à l’expertise de Nadia, médecin et naturopathe en formation. Prodiguant des conseils sur sa page Instagram Consomouslim et sur son podcast, elle a accepté de nous partager les habitudes à adopter pour les semaines à venir.

S’il y a bien un sujet sur lequel nous serons toujours d’accord, jusqu’à nous chamailler en public sur leur provenance, ce sont les recettes fédératrices et réconfortantes de nos pays.

Connus pour être riches, nos plats ne sont pourtant pas forcément à bannir, bien au contraire. Souvent, il y a deux sources de gras : du beurre et de l’huile. Il faut faire un choix. En soi, je ne suis pas de ceux qui diabolisent tous les plats et les gâteaux, c’est une question de dose. Il y a des plats que je trouve très équilibrés, c’est juste qu’on a tendance à manger trop de pain. Si on mange un tajine, il y a des légumes, de la sauce, des protéines, si on mange un petit bout de pain, ce sont des féculents. Et si on met des pommes de terre, c’est un plat complet. C’est plus ce qui gravite autour, on mange souvent à la main, on mange beaucoup trop de pain.

C’est tout le contraire, c’est un mois de sobriété dans toutes les sphères, qu’elles soient spirituelles, physiques, mentales. On est censés se mettre dans une bulle, et ralentir, diminuer. Ce n’est pas un mois d’excès. On mange un repas en moins par jour, voire deux, pourquoi on a plus de déchets dans nos poubelles, et pourquoi il y a plus de nourriture ?

Mais ça, c’est très culturel. Il y a aussi le fait de recevoir, il y a un côté positif, certaines personnes accueillent des gens chez eux, et on sait que c’est une des qualités [qu’on attribue aux] Maghrébins. » 

70 % des commentaires sous chaque publication de Jimmy Mohamed : Mais qu’est-ce qu’on va manger, alors ? 

Avec sagesse et l’essentiel en tête et à cœur, Nadia nous rappelle l’important : La sobriété. C’est le mois du Ramadan, le mois de la spiritualité, ne faut pas l’oublier, ce n’est pas le mois de la cuisine. On doit manger, bien entendu, mais c’est le mois où on mange pour être en forme pour faire nos adorations.

Pour retrouver Nadia et ses conseils, ça se passe sur la page Consomouslim, ainsi que sur son podcast Minute Santé.

Bon Ramadan à tous, qu’Allah accepte notre jeûne et nos prières. Portons dans nos cœurs et dans nos duaas nos frères et sœurs isolés, endeuillés, perdus et démunis, ici et ailleurs. N’oublions pas les nôtres en Palestine, au Soudan, au Congo, au Liban, et ailleurs.

« Si on sort du débat du Halal, et qu’on reste dans le Tayyib, ce qui veut dire « bon » pour le corps, je prône toujours l’équilibre, la modération. Le mot « interdit » ne sortira pas de ma bouche, à part pour certaines choses qui sont interdites, comme le porc, bien entendu.

C’est la dose qui fait le poison. Dans l’alimentation, il y a un côté plaisir, et il y a des personnes pour qui le plaisir va passer par un « tacos » ou un hamburger, mais le problème de nos jours, c’est que c’est plus une exception. Ça devrait être grand maximum une fois par semaine, le reste du temps manger brut, donc des fruits, des légumes, des choses peu transformées. Il n’y a pas d’interdit, si on en mange une fois de temps en temps. Mais tout s’est inversé, les gens mangent de moins en moins de fruits, de légumes, au détriment de cette malbouffe-là qui n’apporte rien au corps, à part le côté plaisir. Concrètement, en termes de bienfaits, il n’y a rien pour le corps, il n’y a pas de vitamines, ce sont des calories vides.  »

Les habitudes culturelles

Ces dernières années ont montré une dissidence alimentaire parmi la diaspora : les uns préférant les magasins bio, les circuits courts, les produits bruts et locaux, au risque d’être qualifiés de rebeus distingués. Les autres, profitant des nombreux espaces de restauration rapide qui semblent ouvrir les uns après les autres, se rassurant par un signe « Halal » parfois vérifié, parfois décoratif, supportant des patrons musulmans, et dont les prix permettent aux familles d’y amener leurs enfants. 

Autant de choix drastiquement différents, pour une génération élevée par des anciens bien djaj mhamer, bien lham bel barkouk.

Les conseils de Nadia

Les conseils pour un bon ftour

Doc. Consomouslim répond : « Je parle souvent de chrono-nutrition. Pour la rupture, pour suivre le rythme du corps, on a besoin de sucres, pour donner un coup de boost. Donc des fruits, et des dérivés de fruits. Ça peut être une compote, un smoothie, un jus, de façon occasionnelle.

Avec du bon gras, des gras végétaux, comme les amandes, les oléagineux, noisettes, noix, etc. Le bon gras vient un peu neutraliser le sucre qu’on consomme, et il y aura moins d’effet sur la glycémie, donc le taux de sucre dans le sang.

Après on fait une petite pause, on fait la Salat, en hiver on peut se permettre de faire une grande pause, ce sont vraiment les habitudes de chacun, et après il y a le dîner. Le dîner, c’est tout ce qui est légumes, et protéines plutôt maigres : poisson, viande blanche, des œufs, ça peut être du fromage. Puis la soupe, c’est à tous les repas, pendant le Ramadan. L’idée, c’est de manger léger, pour avoir faim le lendemain, et le repas consistant, c’est au Suhur. Le matin, il y a des féculents, des protéines, du bon gras, et l’hydratation, bien entendu, tout ce qui est eau, tisanes, mais évitez café et thé. »

Le Ramadan ce n’est pas la surconsommation.