RETOUR SUR LE DOCUMENTAIRE MAGHRIBNA - NOTRE MAROC

À travers des témoignages poignants et des images saisissantes, ce documentaire réalisé par Wafa Hait, nous plonge au cœur des histoires personnelles qui façonnent cette diaspora marocaine.

ART / CULTURE

Shéhérazade

11/1/20232 min read

Maghribna - Notre Maroc, le titre seul est un indicateur de la posture affirmée et fière que Wafa Hait tient quant à la diaspora :

« Notre Maroc c’est un Maroc à part entière, qui a sa construction, son rythme, son schéma, et qui n’est pas forcément celui de nos ancêtres. C’est un Maroc qui est pluriel. »

C’est cette pluralité qui est mise en avant tout au long du documentaire, au travers des discours tenus par Inès, Tassadit, Adem et Wafa elle-même, qui content leur rapport au Maroc en voix-off, alors que des images de paysages familiers à bon nombre d’entre nous défilent.

Tous ont des liens complexes et forts qui les rattachent au pays, si la réalisatrice cite sa grand-mère comme une des inspirations derrière sa prise de caméra, tous les intervenants mentionnent une transmission familiale totale ou partielle. C’est avec pudeur mais transparence que les questions de légitimité sont abordées, selon les métissages, la connaissance du darija ou d’une langue amazighe. De la même manière, un retour, ou un départ, vers le Maroc est envisagé pour Wafa, alors qu’Adem se voit vivre sa marocanité en France.

Le film laisse place à tous les discours d’appartenance ; Inès mentionne sa double culture comme une situation d’entre-deux chaises, Tassadit laisse ses liens et ses sentiments évoluer, comme mentionné lors de la session questions-réponses post-projection. Certaines paroles diffèrent de façon nuancée, d’autres de façon plus marquée, mais toutes coexistent dans le respect, et toutes avec une approche au Maroc qui semble intime et profonde, comme un appel du ventre pour un pays à qui ils appartiennent, au moins en partie.

« Cinquième, sixième génération, on sera toujours des immigrés, l’intégration ne sera jamais complète » Adem fait écho, peut-être sans y penser, à des paroles que le roi Hassan II prononçait en 1989, au sujet de l’intégration des marocains en France.

La transmission, au cœur du sujet, se fait à travers des gestes conscients, et avec une mémoire culturelle qui rappelle à la diaspora d’où nous sommes, qu’elle soit marocaine ou d’ailleurs.

Shéhérazade.

Dans l'ordre : Adem, Tassadit, Inès et Wafa

Photo prise par Ekram