“Mon livre est une main tendue à ceux qui doutent”

Il y a des livres qui ne naissent pas d’une envie d’écrire, mais d’un besoin de se comprendre. Celui de Soundous, jeune femme belgo-marocaine, en fait partie.

De cette quête est né un livre, Mon chemin de foi – un témoignage spirituel, intime et universel à la fois – dans lequel elle raconte son retour à soi, à sa foi, et à une paix retrouvée.
Son histoire résonne particulièrement chez celles et ceux de la diaspora nord-africaine, souvent tiraillés entre héritage spirituel, intégration et quête d’identité.

« J’ai passé une grande partie de ma vie à me fondre dans la masse »

« Depuis la naissance de ma fille, j’ai commencé une vraie introspection. J’ai longtemps caché ma foi, comme beaucoup d’enfants de la diaspora qui vivent dans un entre-deux. J’essayais de me fondre dans la masse, de ne pas trop montrer cette partie de moi. Mais quand mon quotidien s’est vu bouleversé, j’ai senti qu’il fallait que je me reconnecte à ce qui m’avait toujours apaisée : ma religion. C’est devenu une évidence. Deux mois après avoir tout quitté, j’ai commencé à écrire. »

L’écriture du livre s’est étalée sur plusieurs mois, rythmée par des pauses, des voyages, des doutes.

Accompagnée par son père – professeur en langue arabe, auteur et chercheur en théologie – Soundous relit le Coran en entier, en tire des versets qui l’ont bouleversée, et lui apporte la traduction en français.

« Je voulais que chaque verset du livre ait eu un impact sur moi. Peut-être qu’ils résonneront aussi chez d’autres. »

Son écriture, simple et sincère, s’adresse à tous : croyants ou non.

« Ce n’est pas un livre de prosélytisme. C’est un livre d’espérance. Peu importe ta foi, ton chemin. C’est un témoignage, une main tendue. »

Maison Choukrane : Pourquoi avoir rendu cette introspection publique ?

Soundous : Parce qu’à un moment, j’ai compris que ce n’était plus seulement mon histoire. Beaucoup de gens souffrent, se sentent perdus. Si mon chemin peut être une lumière pour quelqu’un d’autre, même une seule personne, alors ça valait la peine.

MC : Ton livre évoque aussi la place de la femme en Islam. Pourquoi était-ce important pour toi d’en parler ?

Soundous : On a confondu culture patriarcale et religion. L’Islam donne une place immense à la femme. Khadija, la première épouse du Prophète, était entrepreneuse, indépendante, respectée. Il faut se réapproprier cette histoire, connaître nos droits, s’instruire. C’est en s’instruisant qu’on retrouve notre liberté

MC : Tu dis que la foi t’a appris le « lâcher-prise ». Comment ?

Soundous : En comprenant que la confiance en Dieu n’est pas une passivité. C’est agir, mais en paix. Faire ce qu’on peut, et remettre le reste entre Ses mains. C’est ça, le vrai lâcher-prise.

MC : Que veux-tu que les lecteurs retiennent de ton livre ?

Soundous : L’espoir. La foi, en Dieu mais aussi en soi. On peut être femme, moderne, entrepreneuse et croyante. Tout ça est compatible. Et surtout, peu importe d’où l’on part, on est tous en chemin.

Aujourd’hui, Soundous prépare aussi un album musical, entre slam et poésie, toujours traversé par cette même sincérité.

« J’écris sur les émotions, sur l’amour, sur mes origines. C’est un prolongement naturel de tout ce que je vis. »

À travers ses mots, Soundous incarne une génération de femmes qui ne veulent plus choisir entre modernité et spiritualité, entre héritage et liberté.
Son livre, c’est un pont entre ces mondes.
Un message doux, lumineux, et nécessaire : « Peu importe où tu en es, n’oublie pas : ça va aller. »