"Je suis allée en Algérie pour la première fois à 20 ans."

Inès nous partage son premier voyage dans le pays de ses parents : L'Algérie. A travers cet article, elle nous confie son retour à ses racines.

DOUBLE IDENTITÉ

5/7/20233 min read

C'est la première fois que je pose les pieds sur le sol de mes ancêtres.

Alors oui, on ne m’a jamais caché mes origines. On m’a toujours appris la culture, les membres de la famille, l’Histoire, les coutumes, les villages… On m’a TOUJOURS parlé de l’Algérie, du côté de mon père ou bien de ma mère, qui elle, est algérienne à 25% (très bizarre de parler en %).

Mais je n’y suis jamais allée, mon papa ne nous a pas emmené, ni moi, ni mes sœurs. Tout le monde dans ma famille y allait, pour eux c’était normal même s’ils étaient nés en France.

Mon papa, il est né à Tizi Tifrah et est arrivé en France à l’âge de 13 ans avec ma mamie. Il y allait souvent quand il était jeune, il a fait son armée à Blida, puis il a espacé les voyages et n’y est retourné que lorsque mes grands-parents sont décédés (2021 et 2022).

Avec ma grande soeur on lui a souvent demandé de nous emmener, car il nous parlait tout le temps de l’Algérie, il était fier. Et la réponse à chaque fois c’était : « Bientôt, Insh الله » et ça, pendant 20 ans. Au fond je lui en ai voulu, car il nous a privé de ce lien, mais Al Hamdoulilah tout ça, c’est du passé !

En fait, je savais que j’allais y aller c’est tout, que je devais y aller c’était trop d’attente pour moi. Et j’ai encore cette petite amertume de « j’aurai voulu y aller plus tôt, quand mes grands-parents étaient vivants » après, c’est le Destin, c’est ainsi ! J’ai attendu mes 19 ans pour faire mes papiers solo et là je suis en Algérie à 20 ans, avec mes oncles, mes cousins et dans la maison que mon papy a construit et où mon père est venu au monde.

C’était beaucoup d’émotions, une maison remplie de beaux et de moins beaux souvenirs. C’est rempli d’Histoire.

Ma grand-mère me parlait aussi beaucoup de l’Algérie et voulait que j’y aille. J’étais très proche d’elle, elle est décédée quand j’avais 12-13 ans environ. Ses sœurs ne m’ont JAMAIS parlé de notre histoire. Elles me disaient que l’Algérie c’était beau, que y’avait de belles personnes etc… Mais en fait ça je m’en fichais ! Ce fait de « fantasmer » mon pays m’énervait. Je voulais avoir MON histoire, la leur, la vérité en fait ! Je n’ai plus redemandé par la suite, je préférais parler d’autres choses et apprendre par moi-même !

En fait, je me rends compte que leurs silences étaient pour nous « protéger » de ce qui les avaient touchés ! Je le conçois, le comprend et ne leur en veut plus du tout car les émotions c’est si profond.

C’est une leçon aussi sur la manière dont j’aimerai transmettre mon histoire et celles de mes ancêtres à mes futurs enfants Insh الله !

C'est pour la première fois autour d'un café qu'Inès me parle de ce voyage. Ce voyage qui compte tant à ses yeux. Un tas de raisons ont empêché de nombreux parents d'emmener leurs enfants dans leur pays d'origine. Sans savoir que cela aller les amener à une quête d'identité. A travers son témoignage, Inès parle pour ces enfants, maintenant devenus adultes et qui, eux aussi, souhaitent renouer avec leur seconde patrie.

Ines.