Dounia, une enchanteresse cosmique

A l’occasion de la sortie de son nouveau single, Aladdin, et de son album à venir, Dounia nous présente toutes ses facettes artistiques et nous laisse entrevoir ses réflexions créatives. Une belle opportunité pour les fans convaincus, et ceux à venir, d’en apprendre plus sur notre Moroccan Doll.

MUSIQUE

Par Shéhérazade

7/14/20237 min read

Lors de notre conversation, j’ai eu le plaisir de découvrir Dounia telle qu’elle se présente dans sa musique et sur ses réseaux ; drôle, douce, affirmée et vibrante de passions et de créativité.

A l’aise dans sa sensibilité, elle a sorti son nouveau single Aladdin le 23 juin dernier, dont le clip a été tourné dans son Maroc natal. Et si les sonorités sont plus pop et pêchues que beaucoup de ses dernières sorties, on retrouve le même timbre chaud et la même prononciation empreinte de miel, typique des artistes intensément talentueux et profonds, dont les réflexions ont l’air trop pudique pour s’exprimer sans filtre. Elle y dévoile sa vulnérabilité et son désarçonnement face à son prince Ali.

L’artiste nous dévoile les différents pans de sa personnalité et de ses capacités à créer, nous invitant toujours un peu plus dans son univers riche et regorgeant de surprises. Une des dernières en date est sa collaboration avec Sagun, un artiste Lo-fi, sur les morceaux Lost in myself et I’m so worth it. Une alliance aussi rare qu’elle n’est cohérente. « Ça s’est fait naturellement […] il est venu du Népal pour la toute première fois. Il visitait Los Angeles, et j’y étais […] et on s’est retrouvés au studio. J’ai trouvé ça fou que ce soit sa première fois [aux Etats-Unis ndlr] depuis le Népal, j’ai trouvé ça cool. Et on a fini par créer deux chansons. 

Dounia est née au Maroc et a grandi à New-York, naviguant entre deux cultures, entre la darija et l’anglais, ce qui peut expliquer les paroles de ses chansons teintées de poésie.

« Je pense que ça (parler darija ndlr) m’aide de façon inconventionnelle, on ne s’y attendrait pas. Quand je suis arrivée aux Etats-Unis, je ne savais pas parler anglais. Par conséquent, j’ai atteint, je pense, un tout autre niveau d’engagement envers l’anglais […] parce-que j’aimais vraiment les livres, je suis devenue un vrai rat de bibliothèque. Je lisais constamment lorsque j’étais enfant, et j’étais éprise et obsédée par la langue. […] J’aimais les mots, j’aimais les livres, j’aimais écrire, j’aimais la poésie, j’aimais tout ça. Donc je pense que c’est de cette manière que l’arabe et le fait de ne pas parler anglais m’ont aidée, ça m’a rendue d’autant plus fascinée, et attirée par la langue anglaise. »

Fière de ses racines marocaines, et forte de son évolution dans une ville aussi cosmopolite que New-York, elle a enregistré la chanson Darija Freestyle pour son album The Avant-Garden. Je n’ai pas pu résister d’aborder le sujet, tant c’était inattendu de voir ce titre sur un premier album d’une artiste américaine. Elle utilise pourtant son polyglottisme à bon escient, il n’est pas rare de l’entendre chanter des mélanges d’anglais, français, arabe et darija sur sa page Instagram.

« J’adore ma culture. Je suis si reconnaissante de venir du Maroc, je suis reconnaissante du temps que j’ai passé là-bas, je suis reconnaissante de parler une langue aussi divine que l’arabe. J’ai le sentiment que l’arabe est une langue tellement belle, […] et je me sens sincèrement chanceuse tous les jours de pouvoir communiquer et m’exprimer dans cette langue. Et c’était juste une idée qui est apparue dans ma tête, je me souviens avoir écrit Darija Freestyle pendant un voyage à Los Angeles, […] et j’ai pensé que c’était la chose la plus dingue au monde, ce que je faisais ! […] Donc oui, j’adore être capable d’incorporer les différentes langues que je connais et ma culture, je suis reconnaissante, j’aime le Maroc, j’aime ma culture, je suis pleine de reconnaissance de pouvoir connecter avec les marocains et les arabophones, ça fait partie des choses que je préfère. »

Son univers unique et ses sonorités riches et aériennes sont disponibles sur les sites de streaming, et le clip d’Aladdin est déjà disponible sur Youtube en attendant la sortie de son album dont la date reste à annoncer.

Avec sa plume poétique et son énergie cosmique, le mot de la fin lui revient : « Embrassez votre lumière intérieure, écoutez les choses qui vous font sentir plus forts, qui sont sur une fréquence sur laquelle vous souhaitez être… Et restez à l’affût pour la musique à venir ! »

Musicienne confirmée, elle a également un pied dans le mannequinat, mentionne vouloir jouer la comédie, et elle s’occupe même de la majeure partie des visuels qui entourent ses sorties musicales.

« Je créé les pochettes pour mon album autant que je monte mes vidéos, alors je pense que l’art visuel s’aligne complètement avec mon art en général. Je ne prends pas de plaisir à donner le projet visuel à quelqu’un pour le compléter. J’aime être très impliquée. […] J’ai peint toutes ces pochettes de singles, et c’est thérapeutique, j’aime sincèrement mettre toutes mes intentions et toute mon énergie dans chaque aspect de mon art. »

C’est en suivant son évolution naturelle qu’elle a pu s’accompagner de projets qui lui correspondent au fil des années, toujours en s’assumant pleinement. C’est avec quelques gloussements, révélateurs du regard bienveillant qu’elle porte sur la Dounia du passé, qu’elle nous parle de la maturité acquise entre ses deux premiers albums.

« Je pense qu’il y a clairement un changement entre The Avant-Garden et The Scandal (sortis respectivement en 2018 et 2019 ndlr), par exemple, où je me suis réveillée de plusieurs manières. Pour The Avant-Garden, je me sentais un peu comme une enfant qui avait tout juste découvert le monde de la fête […] j’avais 21 ans (la majorité aux Etats-Unis ndlr), c’est ce qu’il y a de plus cliché, j’étais aussi dans l’industrie de la musique […] et honnêtement, je m’évitais beaucoup. Donc 2019 est arrivé lorsqu’il était temps de faire The Scandal et j’ai eu une sorte de réveil […] je voulais juste me reconnecter à moi-même et réellement découvrir où je devais guérir et ce que je fuyais. […] Et je pense toujours qu’il y a des chansons géniales sur The Avant-Garden, mais évidemment, je ne me vois plus dans beaucoup de matériel que j’ai pu faire dans le passé (rires) !

Quid du personnage de la Toxic Girl qu’on peut parfois lui prêter ? Il suffit de passer quelques minutes sur ses réseaux sociaux et d’écouter ses morceaux les plus récents pour se laisser envelopper d’indulgence et de discours positifs. La chanteuse n’hésite pas à partager son enthousiasme, son humour et sa féminité puissante et douce avec ses fans. Un réel équilibre qu’elle maintient en se challengeant et en s’assurant d’être la meilleure personne qu’elle puisse être. La seule toxicité qu’elle désire entretenir est celle nécessaire à son bien-être personnel.

« J’étais en train de travailler sur cette chanson, l’autre jour, Angels Aren’t that Nice (« Les anges ne sont pas si gentils », en français). Les anges ne vont pas toujours être gentils, parce qu'ils sont soucieux de l’équilibre, la justice et la vérité. C’est ce que j’applique également. Je suis véritablement très gentille, mais comme pour tout le monde, il doit y avoir des limites sur certains points. Et parfois, la vérité n’est pas ce qu’il y a de plus doux au monde. Donc oui, j’ai des moments dans ma musique où je suis en colère, je n’en peux plus, je dénonce les choses, je dénonce des personnes. Mais concernant mes fans, ils ne sont pas toxiques, donc je n’ai pas besoin de l’être envers eux, ils peuvent avoir mon côté doux, je les apprécie complètement. Mais je ne me considère pas toxique en général […] quand des gens entrent dans ma vie avec un masque, c’est juste leur égo, j’ai le sentiment d’être toxique envers leur égo car je suis très authentique et l’authenticité est toxique envers l’inauthenticité. »

Et c’est là un des moteurs principaux de Dounia ; le vrai. Cette créativité abondante est le résultat d’une symbiose entre ses émotions et son honnêteté. « Je trouve qu’il y a tant de poésie dans les émotions. Et c’est de là qu’une grosse partie de mon art vient, en piochant dans mes émotions. Il y a tant de beauté et de poésie dans nos émotions, comme à l’intérieur de nous-mêmes, il y a tellement de magie et d’art. »