Derrière l'objectif de Louisa Ben : Une photographe entre deux rives

Dans son travail, Louisa met en lumière sa propre dualité méditerranéenne, puisant son inspiration et sa perspective à la fois dans ses racines françaises et marocaines. Cette connexion intime avec les deux rives de la Méditerranée enrichit ses photographies d'une profondeur culturelle unique.

ART / CULTURE

Salma

4/13/20242 min read

Maison Choukrane : Comment ton héritage franco-marocain influence-t-il sur ton travail photographique ?

Louisa : Je pense que cette double appartenance m’a rendue depuis très jeune curieuse de ce que je ne connaissais pas. C’est sûrement ce qui a influencé mon envie d’être photographe documentaire et de raconter des pans de notre société.

MC : Quels conseils donnerais-tu à ceux qui souhaitent travailler dans le domaine de la photographie et qui aspirent à mettre en avant la richesse d’une double culture ?

Louisa : Pour celles et ceux qui souhaiteraient travailler dans le domaine de la photographie je leur dirai que le plus important est la patience. Et s’ils/elles souhaitent mettre en avant leur double culture je leur suggèrerai de ne pas hésiter à le faire. C’est un sujet important qui n’est pas forcément rendu visible mais qui tend à l’être de plus en plus notamment grâce à l’image.

MC : Peux-tu nous parler de ton exposition Yelli ?

LouisaYelli veut dire ma fille en tamazight. J’interroge ici mes origines marocaines et jette un trouble dans l’assignation territoriale et identitaire à travers les portraits de jeunes femmes d’origine maghrébine vivant en France et au Maroc. En jouant avec l’ambiguïté des lieux, le dépouillement des intérieurs, la pudeur de ce qu’elles montrent d’elles, j’ai tenté d’éviter les risques d’une vision orientaliste. Et en taisant les noms et les lieux, j’ai voulu maintenir vivant ce questionnement sur une dualité irréductible à aucun ici ou aucun ailleurs.


Yelli a été exposée à deux reprises à la Galerie VU en 2022 (Paris) et au DADA en 2023 (Marrakech). Elle a aussi été publiée sous forme de portfolio dans le M Magazine du Monde et dans El Pais.

MC : As-tu de nouveaux projets ?

Louisa : Ma série Yelli est toujours en cours, si des lectrices de Maison Choukrane sont partantes n’hésitez pas à me contacter ! Je travaille également sur un nouveau projet documentaire en Colombie.

Née à Toulouse en 1996, Louisa Ben est une photographe franco-marocaine.

Elle nous dévoile la source de sa force, puisant dans sa double culture pour nourrir sa créativité et son regard artistique unique. À travers son dernier projet, Yelli, Louisa nous partage un témoignage visuel saisissant de cette richesse culturelle, capturant l'essence même de cette dualité.