BAYA, À L’AVANT-GARDE DE LA PEINTURE ALGERIENNE

ART / CULTURE

Par Ekram

3/9/20233 min read

Baya, de son vrai nom Fatma Haddad est née en 1931, dans les environs d’Alger. Orpheline, elle travaille dans les champs des colons. Pendant son temps libre, elle dessine et fait ses premiers modelages, ce qui attire l’attention de la soeur des propriétaires, Marguerite Caminat.

Conquise par les talents de la jeune fille, elle décide de la prendre sous son aile. En 1947, Aimé Maeght - galeriste et ami de Marguerite - découvre son talent. Il décide alors d’exposer les oeuvres de Baya (nom de scène que Fatma a choisi, en hommage à sa mère Bahia) dans sa galerie parisienne, alors qu’elle n’a que 16 ans. C’est un grand succès pour Baya, acclamée notamment par Camus et, rencontre Braque et Picasso.

En 1953, elle se marie avec le musicien El Hadj Mahfoud Mahieddine. Elle décide d’arrêter de peindre, pour se consacrer à sa vie familiale. En 1962, elle reprend la peinture, encouragée par le peintre et le nouveau directeur du musée des Beaux-Arts d’Alger, Jean de Maisonseul.

Ses oeuvres sont à nouveau exposées lors de la réouverture du musée et lors de l’exposition Peintres algériens, en novembre de cette même année.

En 1967, elle rejoint le groupe Aouchem (Tatouages) créé par Choukri Mesli et Denis Martinez. En 1969, Baya obtient le Grand Prix de peinture de la ville d’Alger. Jusqu’à sa mort, en 1998, l’artiste ne cessera de peindre et d’exposer ses oeuvres en Algérie et à l’international.

La nature est omniprésente dans les oeuvres de Baya. Une nature, colorée, aux multiples motifs, et paisible, dans laquelle végétaux et animaux colorés cohabitent en harmonie. Et dans ce « Jardin d’Eden » ne sont représentées que des femmes. Ce sont des femmes aux longs cheveux noirs, vêtues de robes colorées aux multiples motifs, inspirées des vêtements traditionnels arabes et kabyles.

Des femmes ? On a l’impression que Baya peint la même femme dans ses oeuvres. Voici ce qu’elle dit : « J’ai l’impression que cette femme que je peins est un peu le reflet de ma mère (…) et que j’ai été influencée par le fait que je ne l’ai pas très bien connue, que j’ai été imprégnée de son absence ».

Ces éléments sont présents dans la majorité des oeuvres de l’artiste, mais nous pouvons constater des différences au fil de sa carrière.

Jeune fille, elle représente les contes qu’on lui raconte, chose qu’elle ne représente plus beaucoup par la suite. Dans les années 60, elle rajoute des objets du quotidien - notamment des instruments de musique tels que le oud ou la guitare -. Mais aussi elle essaye de diversifier ses supports ; elle peint, par exemple, sur des morceaux de bois. Et enfin, à la toute fin de sa carrière, dans les années 80/90, les couleurs que Baya utilise sont un peu plus sombres, représentant en quelque sorte les états d’âme de l’artiste : la mort de son mari et la montée de l’islamisme en Algérie.

Pour en savoir plus sur les oeuvres de Baya, allez voir l’exposition « Baya. Femmes en leur Jardin » à l’Institut du Monde Arabe, et ce jusqu’au 26 mars 2023.

Baya et Denis Martinez à Alger en 1983.